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Et voilà enfin l'interview de Monsieur Souaibou KOITA, Président YASSA FAST FOOD.




Mariama: Je voulais vous demander si créer votre entreprise était un but dans votre vie ou est ce que c'est venu comme ça?

Souaibou: effectivement c'était un but dans ma vie, déjà avant que je ne finisse mes études j'avais dans la tête que j'allais créer mon entreprise et dans mes études je me suis orienté vers ça,( master en entrepreneuriat) et puis c'était l'opportunité,

Mariama: et les études n'étaient pas trop compliquées? Rires,

Souaibou: t'es en quelle classe?

Mariama: 3e juste,

Souaibou: 3e? tu commences en savoir quelque chose, il faut s'accrocher, c'est particulièrement dure « il faut se dire la vérité », mais franchement, cela varie en fonction des gens, il n'y a pas de miracle, il faut travailler, et réviser pour ses examens et on s'en sort.

Mariama:et ou avez vous trouvé les fonds pour créer l'entreprise?

Souaibou: elle y va pas de main morte !(rires) c'est sur que sans argent on fait rien, c'est une réalité, j'avais pas d'argent, je sortais de l'école, j'étais comme les autres, je revenais d'un voyage aux USA ou j'étais allé voir comment cela se passait et franchement je n'avais rien. C'est la raison pour laquelle j'ai d'ailleurs commencé à st exupery ou j'ai eu l'opportunité de trouver un local que personne ne voulais, vu son emplacement et ceux qui ont essayé d'y placer une boite n'ont pas tenu au bout de 4 mois, donc, le loyer n'étant pas cher, j'ai pu obtenir un prêt de l'adie, association qui
aide les personnes n'ayant pas accès au prêt bancaire. Et de moi même j'ai pu trouver un peu d'apport.

Mariama: avez vous rencontré Beaucoup d'obstacles, du fait que vous n'ayez pas d'argent ou du fait de vos origines?

Souaibou: Bien sur, bien sur, sur le plan financier je suis allez voir toutes les banques, j'avais des diplômes, aucunes expériences et surtout pas d'argent et aucune réponse positive.

Intervention de Sonia: Le fait d'être noir, a peut être été un frein?

Souaibou: Bien sur, j'ai connu des gens qui étaient dans la même situation que moi et en plus avec une idée moins originale que la mienne, mais au final ils ont eu leur financement. Mais ça il faut l'intégrer, pour vous les jeunes qui sont enclavés, qui vivez dans une cité, je sais ce que c'est; il faut que vous dépassiez l'état ou vous vous dites il y a du racisme, donc je ne peux rien faire, Non il faut que les jeunes dépassent ce sentiment, il faut vous dire, ok il y a cette réalité, mais cela ne m'empêchera pas d'atteindre mes objectifs. Quelque soit votre lieu de résidence, La vraie question est l'adaptation, on s'en fous de l'environnement et des origines.

Mariama: êtes vous des quartiers dits « sensibles »?

Souaibou: pas vraiment, moi je suis plutôt issu d'Afrique, qui est on va dire un continent sensible aussi ( rires), un peu le même combat, moi j'ai eu la chance d'être venu en France pour mes études, j'ai obtenu une licence puis le reste. il est vrai que les études ça aident, mais quand je suis sortie de mes études je n'ai pas trouvé de boulot malgré mon bagage. Après comme je dis c'est la volonté, savoir ce que l'on veut dans la vie et ou est ce que l'on veut aller.

Mariama: Vous êtes de quel pays?

Souaibou: Mali

Mariama: quelles sont les démarches pour créer une entreprise?

Souaibou: Aujourd'hui c'est de plus en plus simple, le plus gros du travail c'est avant, la création, concrètement l'acte de créer en 5mn c'est fait , tu vas sur internet ou la chambre des métiers, tu apportes les papiers que l'on demande et c'est bon. Mais par contre, avant de faire ça il y a toute une étape, étude de marché, prévisionnel... et être sur de ton projet.

Mariama: vous avez crée votre entreprise seul ou avec un associé? Avez vous été aidé?

Souaibou: au début j'ai été seul? C'est moi qui ai crée la marqua YASSA, la concept c moi, puis je me suis associé avec un ami car je n'avais pas d'argent et cet ami oui.

Mariama: cela fait combien d'année?

Souaibou: 1an ½ même pas 2ans, septembre 2008

Mariama: Quel conseil pouvez vous donner à un jeune comme vous qui part de rien?

Souaibou: moi aux jeunes, je leur donnerai comme conseil, il faut être déterminé , avoir un objectif, anticiper les obstacles car il n'a pas le choix, si il veut y arriver, il faut se dire est ce que je veux vivre, réussir ou est ce que je veux croupir en prison ou être mort? Les jeunes perdent leur temps à faire des bêtises qui n'aboutissent à rien de positifs, tout ça c'est de la dépendance d'énergie inutile. Dans la vie il y a des difficultés mais aussi des opportunités, il faut y croire.

Mariama: j'aurai aimé savoir si votre famille vous a aidé?ou poussé à le faire

Souaibou: non pas du tout. Au début mon père ne comprenait pas, maintenant il comprend un peu mieux, car il me voit à la tv en Afrique, il voit mon évolution. Avant ça il me disait « tu as fait des études, tu as des diplômes, mais pourquoi tu veux faire ça? »

Mariama: Et votre clientèle est elle plutôt afro ou européenne?

Souaibou:contrairement à ce que l'on croit c'est plutôt une clientèle européenne,

Mariama: ben moi je me dis que ce qu'il y a ici je pourrais faire ça chez moi

Souaibou: je suis pas d'accord avec ce raisonnement, si c ça, des pizzas tu peux en faire chez toi, du macdo, c 'est plus facile même d'en faire chez toi, je ne comprends pas les africains, c' symptomatique, ils me disent tous « ah moi je peux faire ça chez moi » en tout cas ce sont les européens qui valorisent plus YASSA FAST FOOD

Intervention de sonia: il est vrai que ce n'est pas dans nos moeurs afro, moi on m'a élevée avec comme image la femme qui s'occupe de sa maison, qui cuisine... moi je fais mes pizzas, je fais des hamburgers, j'ai du mal à concevoir que je vais aller chercher un poulet YASSA, après c'est une éducation, il faut s'adapter, il faut s'habituer... il faut que cela rentre dans nos esprits

Souaibou: tout à fait, le concept est récent, effectivement il faut laisser le temps que cela s'imprègne, mais je suis un peu déçu de la réaction des africains, de façon général, car ils devraient plus m'encourager.

Mariama: et vous comptez en ouvrir d'autres?

Souaibou: moi j'ai pas de limites, je me dis il faut que l'on réussisse, j'ai plein de projets, sur internet, musique, cinéma, il y a la franchise YASSA que l'on développe également, on en a deux à Toulouse, on espère en ouvrir un 3e et on va surement en ouvrir dans d'autres villes.

Mariama: quelle autre question je pourrais vous poser ( Mariama sèche un peu mais ça va venir...)

Souaibou: tu es une bonne journaliste, tu veux devenir journaliste plus tard?

Mariama: non je crois pas


Souaibou; tu devrais, car tu n'as pas peur de poser des questions

Mariama: l'emplacement ici rue (gare) est un choix stratégique? Car il est bien placé


Souaibou: oui effectivement, dans le commerce on dit qu'il faut tenir compte de 3choses : l'emplacement, l'emplacement, l'emplacement, ce qui veut dire que peu importe ce que tu vends si tu as un bon emplacement, ça attire plus la clientèle.

Mariama: Vous avez des employés?

Souaibou: aujourd'hui on en a six à temps partiels

Mariama: vous avez des filles

Souaibou: oui une

Sonia: c'est vous qui cuisinez?

Souaibou: non non je cuisine pas, je m'occupe de la paperasse et du développement,

Mariama: vous vous êtes inspiré complétement de l'Afrique, pour votre cuisine et votre déco?

Souaibou: il y a des deux, la cuisine vient d'Afrique, mais le marketing ( deco, com...) ça vient d'ici, en Afrique on fait pas d'étude pour faire du commerce, et c'est ca qui est une force car issu de l'immigration j'ai su mélanger mes compétences et mes connaissances. Pour moi ma différence n'est pas un handicap mais une force. C'est ce que vous les jeunes devez vous dire, ne pas baissez les bras et avancer. Se démarquer des autres non pas par sa différence sociale, ethnique, physique ou autres mais par des projets qui sortent de l'ordinaire, c'est cela qui attire l'intérêt positif.

Mariama: Êtes vous fier ce que vous faite?

Souaibou: non pas encore car je suis au tout début, je serais fier kan, j'aurai accompli une grande partie de ce que je veux, d'abord il faut pérenniser et ensuite avancer;

Mariama et Sonia: Merci beaucoup de nous avoir reçu

Souaibou: merci à vous

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